TA MAIN DROITE SOUS MA NUQUE
( TARKÓMON JOBBKEZEDDEL )
Ta main droite sous ma nuque, cette nuit j'étais couché.
J'avais du souffrir hier... : "Reste ainsi!" t'ai-je imploré...
J'écoutais dans tes artères le sang, le sang circuler.
A l'approche de minuit le sommeil soudainement
me submergea, m'engloutit comme au temps de ma lointaine,
de ma duveteuse enfance, et me berça doucement.
Mais trois heures, me dis-tu, n'avaient pas encor sonné
que sursautant de frayeur soudain je me suis dressé,
j'ai bredouillé, j'ai hurlé des mots incompréhensibles.
J'ouvrais tout grands les deux bras comme un oiseau qui s'effraie
d'une ombre dans le jardin, ses deux ailes déployées.
Où - vers où voulais-je aller? Quelle mort me faisait peur?
Tu me berçais, mon amour ; muet, je te laissais faire,
mais le chemin de l'horreur là-bas m'attendait toujours.
Je rêvais encore alors. Peut-être d'une autre mort.
Miklós Radnóti. 6 avril 1941
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