AU NOM DU PEUPLE ( A NÉP NEVÉBEN )
Hatez-vous de donner au peuple ce qu’il réclame.
Ne savez-vous pas qu’il est terrible, quand il se lève,
Quand il ne réclame plus, quand il arrache et prend.
N’avez vous pas entendu le nom de Georges Dozsa.
Vous l’avez brûlé vif sur un trône de fer ardent
Mais son âme, le feu ne l’a point consumée
Car elle est toute flamme. Prenez garde
Aux ravages que peut encore répandre cette flamme.
Jadis le peuple ne réclamait que nourriture.
Car il vivait encore une vie animale.
Il était animal mais il est homme enfin,
Et cet homme, il convient de lui donner son droit.
Des droits don ! Des droits d’homme pour le peuple.
Etre privé de droits c’est une flétrissure
Affreuse sur les créatures de dieu, et qui l’impose
Ne saurait éviter le châtiment de dieu.
Pourquoi donc êtes-vous nantis de privilèges ?
Pourquoi le droit n’a-t-il de sens que parmi vous ?
Vos aïeux ont acquis la terre et la patrie,
Mais c’est la sueur du peuple qui ruisselle dessus.
A quoi vous sert de pouvoir dire : Ici la mine...
Il faut aussi des mains qui creusent cette terre
Jusqu’à ce qu’apparaisse enfin le filon d’or.
Et ces bras et ces mains n’ont-ils aucun mérite ?
Et vous qui proclamez si orgueilleusement
Cette patrie est la notre et ses droits sont pour nous,
Que feriez vous, vous seuls le jour où l’ennemi
Viendrait vous attaquer, vous et votre patrie ?
Excusez-moi je veux vous poser la question
Pour un peu j’oubliais les prouesses de Györ -
N’allez vous pas dresser un monument aux jambes
Des héros qui ce jour là coururent si vite ?
Au nom glorieux de toute l’humanité,
Des droits pour le peuple ! Donnez lui ses droits !
Au nom même de la patrie qui va périr
Si manque ce nouveau pilier de sa défense
Les roses de la constitution sont à vous
Tandis qu’au peuple encor ne vont que les épines.
Semez autour de vous les pétales des roses
Et reprenez pour vous votre part des épines !
Hâtez vous de donner au peuple ce qu’il réclame
Ne savez-vous pas qu’il est terrible, quand il se lève,
Quand il ne réclame plus, quand il arrache et prend.
N’avez vous pas entendu le nom de Georges Dozsa. ?
Vous l’avez brûlé vif sur un trone de fer ardent
Mais son âme, le feu ne l’a point consummée
Car elle est toute flamme. Prenez garde
Aux ravages que peut encore répandre cette flamme.
Petofi Sándor (mars 1847)
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