La mère de Mátyás.
Élisabeth Szilágyi a terminé sa lettre;
et elle l'a toute mouillée de ses larmes aimantes.
La lettre est pour son fils dans la ville de Prague,
elle lui amène une bonne nouvelle dans sa triste captivité:
"Mon enfant! ne bouge pas de la ville de Prague;
je vais te sortir, te racheter de ce dur emprisonnement.
Avec de l'or, de l'argent, je vais payer pour toi;
je prends à cœur ton retour chez toi.
Ne bouge pas, ne pars pas, mon unique petit!
Qui aurai-je comme fils si les intrigues te font tomber?"
"Que la lettre soit donnée à Hunyadi Mátyás,
en main propre et à personne d'autre."
Elle y appose un sceau en cire noire,
sur la balustrade les serviteurs de la cour attendent.
"Qui apportera le plus vite ma lettre à Prague?
Cent pièces d'or et le cheval pour sa peine."
"Moi, moi je vais l'apporter, sept jours seront suffisants."
"Pour mon cœur aimant c'est sept années entières!"
"Moi je vais l'apporter, et ramener sa réponse en trois jours."
"Pour mon cœur aimant c'est trois mois entiers!"
"Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi ne m'as-tu pas donné d'ailes,
pour que je puisse répondre au désir d'une mère!" ...
Et là vient, là vient un corbeau noir;
voilà ce qui y ressemble posé sur l'écu des Hunyadi.
Il s'abattit, s'abattit dans un tourbillon noir,
il arracha la lettre des mains de la mère.
"Vite, sur l'oiseau!... il faut la lui prendre!"
La foule court sur sa trace, pour l'abattre.
Des oiseaux, ce n'est pas un mais une centaine qu'ils abattent:
pas de nouvelle, pas de trace du porteur de la lettre.
Jusqu'au soir elle le fait chasser vainement dans la forêt:
à minuit il y a un tapotement à la fenêtre de la veuve.
"Qui frappe? Qu'est-ce qui frappe? Un corbeau noir!
Et sur lui, la lettre, ou ce qui y ressemble.
Le sceau en est rouge; la pliure fine:
oh bénie soit, bénie soit l'écriture de sa main!"
Arany János.1854
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