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lundi 4 juillet 2011

LE CAVALIER ÉGARÉ


Endre Ady LE CAVALIER ÉGARÉ


D'un cavalier qui jadis s'est perdu,
C'est le galop aveugle qu'on entend.
L'âme enchaînée des sylves abattues
Et des roseaux séculaires s'alarment.

Et les fourrés profonds des temps anciens
Ne sont ici que des lambeaux épars,
Mais on y voit reprendre vie soudain
Les spectres blancs des légendes d'hiver.

Là le hallier, et là-bas les taillis,
Et là le chant d'autrefois, étouffé,
Qui, sous la glace et le froid se tapit
Depuis que ne sont plus nos fiers aïeux.

Chez nous l'automne est envahi de spectres:
La guerre a pris tant de nos meilleurs fils!
Sur les prairies que les collines cernent,
Novembre marche en pelisse de brume.

Et tout à coup la plaine nue se couvre
Comme autrefois de joncs et de forêts.
Des siècles morts, la fine pluie s'entrouvre
Et donne asile à son grand corps glacé.

Tout est sueur de sang, climat secret,
Air oppressant, pesanteur des ancêtres;
Partout les bois et partout les marais
Et les déments qui régnèrent jadis.

Un voyageur d'autrefois, égaré,
Fraie son chemin dans les lianes neuves.
Ni jour ni feux ne viennent l'éclairer.
Sourds, les hameaux. Tout est refus, absence,

Sommeil torpide où les gisants frissonnent
quand dans leur rêve, au fond du vieux passé,
Ils voient jaillir, des bois brumeux d'automne,
Des loups, des ours, des buffles forcenés.

D'un cavalier qui, jadis, s'est perdu,
C'est le galop aveugle qu'on entend.
L'âme enchaînée des sylves abattues

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