En parenté avec la Mort
Je suis un parent de la Mort,
j’aime l’évanescence de l’amour,
j’aime adresser mes baisers
à ceux qui seront du passé.
J’aime les roses qui sont souffrantes,
les femmes fanées quand elles désirent
les temps d’automne,
rayonnants, mélancoliques.
J’aime le rappel plein de fantômes
de tristes heures monotones,
le visage moqueur de la Mort,
de la grande, de la sainte Mort.
J’aime ceux qui partent en voyage,
ceux en larmes et ceux qui dorment,
les champs sous les pluies givrées
au temps de l’aube glacée.
J’aime le renoncement fatigué,
les pleurs sans larmes et la paix ,
le refuge des poètes, des sages,
l’hospice des malades.
J’aime le déçu, l’handicapé,
celui qui s’est déjà arrêté,
qui ne croit pas, celui qui est sombre,
ce qui est ainsi : le monde.
Je suis un parent de la Mort,
j’aime l’amour évanescent,
j’aime adresser mes baisers
à ceux qui seront du passé.
Ady Endre. 1907
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