La proie.
De ma fenêtre je vois un pan de colline,
elle ne peut me voir
Je suis encore là, des vers se déversent de ma plume
mais rien n'a d'importance dans la clandestinité ;
Je vois, mais ne peux pas tenter de saisir cette solennelle,
grâce démodée : comme toujours, la lune émerge dans le ciel et
les cerisiers éclatent en floraison.
Pour reproduire la route abrupte
Je suis un poète et personne n’a besoin de moi,
même si je murmure sans un mot:
u-u-u-, peu importe, car à ma place,
des diables indiscrets vont chanter sans relâche.
Et croyez-moi, croyez-moi,
la méfiance soupçonneuse est justifiée.
Je suis un poète bon à mettre au feu du bûcher
car il a témoigné pour la vérité.
Celui-là, qui sait que la neige est blanche,
que le sang est rouge, comme l'est le pavot,
et que la tige duveteuse du pavot est verte.
Celui-là, ils le tuent à la fin,
parce que lui-même n'a jamais tué.
Radnóti Miklós. 1939
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