A-tól Z-ig híres költők franciául. A à Z célèbre poètes en français
mercredi 31 août 2011
RETTEGEK AZ ÉLETTŐL
RETTEGEK AZ ÉLETTŐL
Hiába ragadnak szent mámor-hattyúk
Boldog, nagy Vízen,
Gágogását hallom józan ludaknak,
Nincsen semmi sem,
Ami megmaradjon.
Csukló zokogásom hallom előre,
Mikor nevetek,
Lelkem hollóinak károgásába
Tréfás verebek
Belecsiripolnak.
Vágyakozni félek. A Teljesülés
Jön és meggyaláz.
Nyugalom sem kell, hisz vágtat utána
Egy vad mén: a Láz.
Jaj, rettegek élni.
Ady Endre.1905
Hiába ragadnak szent mámor-hattyúk
Boldog, nagy Vízen,
Gágogását hallom józan ludaknak,
Nincsen semmi sem,
Ami megmaradjon.
Csukló zokogásom hallom előre,
Mikor nevetek,
Lelkem hollóinak károgásába
Tréfás verebek
Belecsiripolnak.
Vágyakozni félek. A Teljesülés
Jön és meggyaláz.
Nyugalom sem kell, hisz vágtat utána
Egy vad mén: a Láz.
Jaj, rettegek élni.
Ady Endre.1905
MERT ENGEM SZERETSZ
MERT ENGEM SZERETSZ
Áldott csodáknak
Tükre a szemed,
Mert engem nézett.
Te vagy a bölcse,
Mesterasszonya
Az ölelésnek.
Áldott ezerszer
Az asszonyságod,
Mert engem nézett,
Mert engem látott.
S mert nagyon szeretsz:
Nagyon szeretlek
S mert engem szeretsz:
Te vagy az Asszony,
Te vagy a legszebb.
Ady Endre. 1906
Áldott csodáknak
Tükre a szemed,
Mert engem nézett.
Te vagy a bölcse,
Mesterasszonya
Az ölelésnek.
Áldott ezerszer
Az asszonyságod,
Mert engem nézett,
Mert engem látott.
S mert nagyon szeretsz:
Nagyon szeretlek
S mert engem szeretsz:
Te vagy az Asszony,
Te vagy a legszebb.
Ady Endre. 1906
FÉLIG CSÓKOLT CSÓK
Egy félig csókolt csóknak a tüze
Lángol elébünk.
Hideg az este. Néha szaladunk,
Sírva szaladunk
S oda nem érünk.
Hányszor megállunk. Összeborulunk.
Égünk és fázunk.
Ellöksz magadtól: ajkam csupa vér,
Ajkad csupa vér.
Ma sem lesz nászunk.
Bevégzett csókkal lennénk szívesen
Megbékült holtak,
De kell az a csók, de hí az a tűz
S mondjuk szomorún:
Holnap. Majd holnap.
Ady Endre. 1905
ADD NEKEM A SZEMEIDET
Add nekem a te szemeidet,
Hogy vénülő arcomba ássam,
Hogy én magam pompásnak lássam.
Add nekem a te szemeidet,
Kék látásod, mely mindig épít,
Mindig irgalmaz, mindig szépít.
Add nekem a te szemeidet,
Amelyek ölnek, égnek, vágynak,
Amelyek engem szépnek látnak.
Add nekem a te szemeidet.
Magam szeretem, ha szeretlek
S irigye vagyok a szemednek.
Ady Endre. 1907
je pensais, je pensais, je pensais.
je pensais, je pensais, je pensais
J'écoute les murmures des rayons du soleil,
dans ma bouche ton nom a si bon goût,
Mes yeux regardent de saints fracas des cieux.
Mon Dieu, mon Dieu, mon Dieu,
étoilée est mon âme de tous ses aveux:
Tu es pour moi à jamais tout ce qui peut advenir,
Dans mes saints reniflements,
dans mes tendres caresses,
Et aussi dans mes regards aigus et tristes.
Aujourd'hui je pense, que tu fus là-bas,
là où je sentais la vie,
Là où furent détruits et érigés les autels.
Je te remercie pour la couche, préparé pour moi,
Je te remercie pour ma première larme,
je te remercie pour ma mère cardiaque,
Pour ma jeunesse et tous mes péchés.
Je te remercie pour mes doutes et mes certitudes,
Pour les baisers et les maladies.
Je te remercie, pour n'avoir nulle faute en moi,
À part toi, que toi tout pour tout.
J'écoute les murmures des rayons du soleil,
dans ma bouche ton nom a si bon goût,
Mes yeux regardent de saints fracas des cieux.
Mon Dieu, mon Dieu, mon Dieu !
Maintenant mon âme est plus légère, elle a avoué,
Puisque tu fus vie, chagrin, baiser, joie,
et tu seras la mort aussi. Merci.
Ady Endre. 1911
J'écoute les murmures des rayons du soleil,
dans ma bouche ton nom a si bon goût,
Mes yeux regardent de saints fracas des cieux.
Mon Dieu, mon Dieu, mon Dieu,
étoilée est mon âme de tous ses aveux:
Tu es pour moi à jamais tout ce qui peut advenir,
Dans mes saints reniflements,
dans mes tendres caresses,
Et aussi dans mes regards aigus et tristes.
Aujourd'hui je pense, que tu fus là-bas,
là où je sentais la vie,
Là où furent détruits et érigés les autels.
Je te remercie pour la couche, préparé pour moi,
Je te remercie pour ma première larme,
je te remercie pour ma mère cardiaque,
Pour ma jeunesse et tous mes péchés.
Je te remercie pour mes doutes et mes certitudes,
Pour les baisers et les maladies.
Je te remercie, pour n'avoir nulle faute en moi,
À part toi, que toi tout pour tout.
J'écoute les murmures des rayons du soleil,
dans ma bouche ton nom a si bon goût,
Mes yeux regardent de saints fracas des cieux.
Mon Dieu, mon Dieu, mon Dieu !
Maintenant mon âme est plus légère, elle a avoué,
Puisque tu fus vie, chagrin, baiser, joie,
et tu seras la mort aussi. Merci.
Ady Endre. 1911
En parenté avec la Mort..
En parenté avec la Mort
Je suis un parent de la Mort,
j’aime l’évanescence de l’amour,
j’aime adresser mes baisers
à ceux qui seront du passé.
J’aime les roses qui sont souffrantes,
les femmes fanées quand elles désirent
les temps d’automne,
rayonnants, mélancoliques.
J’aime le rappel plein de fantômes
de tristes heures monotones,
le visage moqueur de la Mort,
de la grande, de la sainte Mort.
J’aime ceux qui partent en voyage,
ceux en larmes et ceux qui dorment,
les champs sous les pluies givrées
au temps de l’aube glacée.
J’aime le renoncement fatigué,
les pleurs sans larmes et la paix ,
le refuge des poètes, des sages,
l’hospice des malades.
J’aime le déçu, l’handicapé,
celui qui s’est déjà arrêté,
qui ne croit pas, celui qui est sombre,
ce qui est ainsi : le monde.
Je suis un parent de la Mort,
j’aime l’amour évanescent,
j’aime adresser mes baisers
à ceux qui seront du passé.
Ady Endre. 1907
Je suis un parent de la Mort,
j’aime l’évanescence de l’amour,
j’aime adresser mes baisers
à ceux qui seront du passé.
J’aime les roses qui sont souffrantes,
les femmes fanées quand elles désirent
les temps d’automne,
rayonnants, mélancoliques.
J’aime le rappel plein de fantômes
de tristes heures monotones,
le visage moqueur de la Mort,
de la grande, de la sainte Mort.
J’aime ceux qui partent en voyage,
ceux en larmes et ceux qui dorment,
les champs sous les pluies givrées
au temps de l’aube glacée.
J’aime le renoncement fatigué,
les pleurs sans larmes et la paix ,
le refuge des poètes, des sages,
l’hospice des malades.
J’aime le déçu, l’handicapé,
celui qui s’est déjà arrêté,
qui ne croit pas, celui qui est sombre,
ce qui est ainsi : le monde.
Je suis un parent de la Mort,
j’aime l’amour évanescent,
j’aime adresser mes baisers
à ceux qui seront du passé.
Ady Endre. 1907
mardi 30 août 2011
KÖSZÖNÖM, KÖSZÖNÖM, KÖSZÖNÖM
KÖSZÖNÖM, KÖSZÖNÖM, KÖSZÖNÖM
Napsugarak zúgása, amit hallok,
Számban nevednek jó íze van,
Szent mennydörgést néz a két szemem,
Istenem, Istenem, Istenem,
Zavart lelkem tegnap mindent bevallott:
Te voltál mindig mindenben minden,
Boldog szimatolásaimban,
Gyöngéd simogatásaimban
S éles, szomorú nézéseimben.
Ma köszönöm, hogy te voltál ott,
Hol éreztem az életemet
S hol dőltek, épültek az oltárok.
Köszönöm az énértem vetett ágyat,
Köszönöm neked az első sírást,
Köszönöm tört szívű édesanyámat,
Fiatalságomat és bűneimet,
Köszönöm a kétséget, a hitet,
A csókot és a betegséget.
Köszönöm, hogy nem tartozok senkinek
Másnak, csupán néked, mindenért néked.
Napsugarak zúgása, amit hallok,
Számban nevednek jó íze van,
Szent mennydörgést néz a két szemem,
Istenem, Istenem, Istenem,
Könnyebb a lelkem, hogy most látván vallott,
Hogy te voltál élet, bú, csók, öröm
S hogy te leszel a halál, köszönöm.
Ady Endre. 1911
A HALÁL ROKONA
Én a Halál rokona vagyok,
Szeretem a tűnő szerelmet,
Szeretem megcsókolni azt,
Aki elmegy.
Szeretem a beteg rózsákat,
Hervadva ha vágynak, a nőket,
A sugaras, a bánatos
Ősz-időket.
Szeretem a szomorú órák
Kísértetes, intő hívását,
A nagy Halál, a szent Halál
Játszi mását.
Szeretem az elutazókat,
Sírókat és fölébredőket,
S dér-esős, hideg hajnalon
A mezőket.
Szeretem a fáradt lemondást,
Könnyetlen sírást és a békét,
Bölcsek, poéták, betegek
Menedékét.
Szeretem azt, aki csalódott,
Aki rokkant, aki megállott,
Aki nem hisz, aki borús:
A világot.
Én a Halál rokona vagyok,
Szeretem a tűnő szerelmet,
Szeretem megcsókolni azt,
Aki elmegy.
Ady Endre. 1907
les Messies hongrois..
Messies hongrois
Ici, les larmes sont plus salées
et les souffrances différentes
Messies pour mille fois
les Messies hongrois.
Ils meurent pourtant à mille reprises
leur croix n’apporte pas de salut
car ils n’ont rien pu,
ô, ils n’ont rien pu.
Ady Endre. 1907
Ici, les larmes sont plus salées
et les souffrances différentes
Messies pour mille fois
les Messies hongrois.
Ils meurent pourtant à mille reprises
leur croix n’apporte pas de salut
car ils n’ont rien pu,
ô, ils n’ont rien pu.
Ady Endre. 1907
Sur les rives des noires eaux stagnantes.
Sur les rives des noires eaux stagnantes
J’étais assis sur les rives de Babylone,
au bord des fleuves, qui sont emplis de chagrin.
Je voyais déjà d’infimes désirs
et voyais des longs, et très malades amours.
L’âme pleine de combats rongés
et j’étais un fou dans un rêve étroit.
Parfois je n’aurais pu qu’à peine le croire,
parfois Dieu lui même m’est apparu.
Ma harpe je l’ai raccroché,
ma harpe je l’ai à nouveau décroché.
Dieu, doutes, vin, femelle, maladie
me frottent et me blessent jusqu’au sang âme et corps.
J’étais un troubadour, j’étais un héros.
Ma pauvre colonne malade cent fois s’est courbée.
Tout j’ai laissé, tout ce que j’avais,
jusqu’à ce que je puisse être si joliment fatigué !
J’étais assis, là ou les flots et le vent me fouaillent,
Sur les rives des noires eaux stagnantes.
Ady Endre. 1907
J’étais assis sur les rives de Babylone,
au bord des fleuves, qui sont emplis de chagrin.
Je voyais déjà d’infimes désirs
et voyais des longs, et très malades amours.
L’âme pleine de combats rongés
et j’étais un fou dans un rêve étroit.
Parfois je n’aurais pu qu’à peine le croire,
parfois Dieu lui même m’est apparu.
Ma harpe je l’ai raccroché,
ma harpe je l’ai à nouveau décroché.
Dieu, doutes, vin, femelle, maladie
me frottent et me blessent jusqu’au sang âme et corps.
J’étais un troubadour, j’étais un héros.
Ma pauvre colonne malade cent fois s’est courbée.
Tout j’ai laissé, tout ce que j’avais,
jusqu’à ce que je puisse être si joliment fatigué !
J’étais assis, là ou les flots et le vent me fouaillent,
Sur les rives des noires eaux stagnantes.
Ady Endre. 1907
Du sang et de l’or
Du sang et de l’or
Il m’est égal, à mes oreilles
si le désir halète ou la peine gémit,
si c’est du sang qui goutte
ou de l’or qui brille.
Je sais, j’affirme que c’est le Tout
et tout le reste ne vaut rien,
du sang et de l’or,
du sang et de l’or.
La mort prend tout et tout trépasse,
gloire, rang, salaire et chant,
les seuls qui survivent,
le sang et l’or.
Des nations meurent et se réengendrent,
il est saint le brave qui, comme moi, n’a qu’une seule foi :
du sang et de l’or.
du sang et de l’or.
Ady Endre. 1907
Il m’est égal, à mes oreilles
si le désir halète ou la peine gémit,
si c’est du sang qui goutte
ou de l’or qui brille.
Je sais, j’affirme que c’est le Tout
et tout le reste ne vaut rien,
du sang et de l’or,
du sang et de l’or.
La mort prend tout et tout trépasse,
gloire, rang, salaire et chant,
les seuls qui survivent,
le sang et l’or.
Des nations meurent et se réengendrent,
il est saint le brave qui, comme moi, n’a qu’une seule foi :
du sang et de l’or.
du sang et de l’or.
Ady Endre. 1907
Éternel et durable de son amour.
Éternel et durable de son amour
Avec le temps, les palais,
les maisons, les châteaux robustes,
les villes tombent en ruine,
La grande force, la solidité,
les nombreux trésors, la grande richesse
passent tous avec le temps,
Les belles roses de printemps,
les violettes, les lys
tombent tous à terre avec le temps,
La dignité royale,
la considération, les grandes qualités
disparaissent toutes avec le temps,
Les grosses pierres peuvent se transformer
en cendres, et les cendres en roc
après beaucoup de temps,
La renommée, la gloire,
la grande beauté digne d'un ange
deviennent poussière avec le temps,
Même la terre vieillit,
les montagnes s'érodent,
la mer baisse avec le temps,
Même le ciel se couvrira,
le soleil éclatant s'obscurcira,
tout prendra fin,
L'écriture gravée dans le marbre
s'use et peut se perdre,
à la place de l'une une autre survient,
La dureté s'attendrit,
la jalousie cesse,
la haine prend fin en bien,
Il a été donné par Dieu
en tout, en temps voulu,
changement et fin certaine,
Seul mon amour,
comme le feu de l'enfer,
n'a pas de fin, car il brûle toujours.
Voyant l'immensité
et l'absence de tout changement
de mon amour
Dans lequel j'attendais de la part de Julia,
comme du doigt de Lazare,
le soulagement,
J'ai écrit ces vers,
et après les autres
je les ai offerts à Julia.
Balassi Bálint. 1589
Avec le temps, les palais,
les maisons, les châteaux robustes,
les villes tombent en ruine,
La grande force, la solidité,
les nombreux trésors, la grande richesse
passent tous avec le temps,
Les belles roses de printemps,
les violettes, les lys
tombent tous à terre avec le temps,
La dignité royale,
la considération, les grandes qualités
disparaissent toutes avec le temps,
Les grosses pierres peuvent se transformer
en cendres, et les cendres en roc
après beaucoup de temps,
La renommée, la gloire,
la grande beauté digne d'un ange
deviennent poussière avec le temps,
Même la terre vieillit,
les montagnes s'érodent,
la mer baisse avec le temps,
Même le ciel se couvrira,
le soleil éclatant s'obscurcira,
tout prendra fin,
L'écriture gravée dans le marbre
s'use et peut se perdre,
à la place de l'une une autre survient,
La dureté s'attendrit,
la jalousie cesse,
la haine prend fin en bien,
Il a été donné par Dieu
en tout, en temps voulu,
changement et fin certaine,
Seul mon amour,
comme le feu de l'enfer,
n'a pas de fin, car il brûle toujours.
Voyant l'immensité
et l'absence de tout changement
de mon amour
Dans lequel j'attendais de la part de Julia,
comme du doigt de Lazare,
le soulagement,
J'ai écrit ces vers,
et après les autres
je les ai offerts à Julia.
Balassi Bálint. 1589
L'égrenage du blé d'Inde.
L'égrenage du blé d'Inde
Le feu craque, il brille loin dans la campagne,
Sa fumée monte, rouge, vers le large ciel;
Autour, quelques arbres,
Leur ombre effrayante s'étend au loin;
Et assis autour, venant des fermes,
De beaux jeunes gens, de belles jeunes filles.
« Allez, vite! c'est un tas énorme: dépêchons!
Et ça ne se fait pas de chuchoter l'un près de l'autre.
La première qui trouve un épi rouge,
Elle aura sa noce à l'automne!
- Rajoutez-en! Que ça flambe!
Toi petit, occupe-toi du feu.
- Esther Dalos était une jolie fille, mais une orpheline.
Encore jeune pour les travaux des champs;
C'était dur de s'y habituer:
Dur de brûler et rougir au soleil,
(- Ah, il fera froid cette nuit, le vent pique!)
Dur pour sa taille de se courber.
À sa taille jolie et élancée, la faucille,
Sans que les tiges n'abîment ses jambes fragiles;
Elle est comme les blés, belle, épanouie,
Le visage rond, une belle poitrine,
(- Voilà la pleine lune qui se montre!)
Tout de cette fille est bien beau.
François Tuba garde les moutons aux environs,
Ses moutons broutent des herbes sur les mauvaises terres,
Il est si triste... Qu'est-ce qui lui arrive?
Sa flûte pleure et se lamente toujours,
(- Tiens! C'est Bodré qui chasse le renard!)
Il accompagne volontiers Esther Dalos.
Esther - elle est allée dans les champs,
Avec les moissonneurs, se reposant sur l'herbe tendre;
Mais quand le sommeil les gagna,
Elle quitta leur petite cabane
(- Ah, un sanglier qui casse les "glanes"!)
Ne le faites pas, vous les jeunes filles!
Les branchages des ronces déchirent sa robe de belle étoffe,
Les épines, les tiges font jaillir son sang rouge:
Où va-t-elle, comme une âme errante,
Quand les autres servants de ferme dorment?
(- Ça alors, que d'étoiles filantes aujourd'hui!)
Vous les filles, ne le faites pas.
François Tuba en a eu assez de la prairie,
Il est allé plus loin, il n'a plus joué de sa flûte;
Esther Dalos ne l'accompagne pas,
Elle est pâle, sa chanson pleure et se lamente:
(- Il y a beaucoup de rosée, ça tombe de plus en plus!)
Seul Dieu sait pourquoi elle se lamente.
Elle va, triste, sans but, dans les champs,
Et elle n'arrive à rien faire de ses mains;
Ses nuits sont longues, ses jours mornes,
Son cœur soupire - elle ne désire qu'une chose:
(- Allez, que ça saute, ce travail!)
Toi, mort, fais-moi un lit doux.
Cependant le temps est devenu un automne humide,
On moud déjà le blé d'Inde à Adony.
Mais Esther Dalos n'est pas venue:
Elle a déménagé pour le cimetière.
(- Ah, c'est la grosse cloche de Lombár!)
Que personne ne la méprise pour cela!
François Tuba est réapparu chez lui longtemps après,
Il entend, la pauvre Esther Dalos, ce qui lui est arrivé.
Il va souvent au cimetière,
Par mauvais temps, par beau temps:
(- Bon sang, maintenant la chouette qui hulule!)
"C'est là qu'ils ont leur repos, dans la terre gelée."
François, lui, ne peut plus trouver le repos sur son lit,
Les yeux fermés, c'est comme s'il va et vient au clair de lune;
Il entend de la musique au loin, tout en haut,
Et au milieu, la voix d'Esther,
(- Eh, ne dors pas, tu vas en rêver!)
Elle chante: "Viens! Allez!"
Eh bien, François a couru en haut de la meule,
Ensuite en haut du clocher en pointe du village;
Il s'accrocherait, mais il n'arrive pas jusque là,
Sa tête tourne: qu'est-ce qui lui arrive?...
- Allez, c'était les douze coups à Adony,
Ça suffit pour aujourd'hui, de raconter des histoires. »
Le feu baisse; les garçons sont dans leurs gros manteaux -
Les filles se serrent l'une contre l'autre avec leurs capuches;
Haut dans les airs,
Il y a comme un grand drap qui flotte:
Assis dessus ils font de la musique, entend-on,
Ils jouent de la flûte, d'un son lointain qui disparaît
Arany János, 1877
Le feu craque, il brille loin dans la campagne,
Sa fumée monte, rouge, vers le large ciel;
Autour, quelques arbres,
Leur ombre effrayante s'étend au loin;
Et assis autour, venant des fermes,
De beaux jeunes gens, de belles jeunes filles.
« Allez, vite! c'est un tas énorme: dépêchons!
Et ça ne se fait pas de chuchoter l'un près de l'autre.
La première qui trouve un épi rouge,
Elle aura sa noce à l'automne!
- Rajoutez-en! Que ça flambe!
Toi petit, occupe-toi du feu.
- Esther Dalos était une jolie fille, mais une orpheline.
Encore jeune pour les travaux des champs;
C'était dur de s'y habituer:
Dur de brûler et rougir au soleil,
(- Ah, il fera froid cette nuit, le vent pique!)
Dur pour sa taille de se courber.
À sa taille jolie et élancée, la faucille,
Sans que les tiges n'abîment ses jambes fragiles;
Elle est comme les blés, belle, épanouie,
Le visage rond, une belle poitrine,
(- Voilà la pleine lune qui se montre!)
Tout de cette fille est bien beau.
François Tuba garde les moutons aux environs,
Ses moutons broutent des herbes sur les mauvaises terres,
Il est si triste... Qu'est-ce qui lui arrive?
Sa flûte pleure et se lamente toujours,
(- Tiens! C'est Bodré qui chasse le renard!)
Il accompagne volontiers Esther Dalos.
Esther - elle est allée dans les champs,
Avec les moissonneurs, se reposant sur l'herbe tendre;
Mais quand le sommeil les gagna,
Elle quitta leur petite cabane
(- Ah, un sanglier qui casse les "glanes"!)
Ne le faites pas, vous les jeunes filles!
Les branchages des ronces déchirent sa robe de belle étoffe,
Les épines, les tiges font jaillir son sang rouge:
Où va-t-elle, comme une âme errante,
Quand les autres servants de ferme dorment?
(- Ça alors, que d'étoiles filantes aujourd'hui!)
Vous les filles, ne le faites pas.
François Tuba en a eu assez de la prairie,
Il est allé plus loin, il n'a plus joué de sa flûte;
Esther Dalos ne l'accompagne pas,
Elle est pâle, sa chanson pleure et se lamente:
(- Il y a beaucoup de rosée, ça tombe de plus en plus!)
Seul Dieu sait pourquoi elle se lamente.
Elle va, triste, sans but, dans les champs,
Et elle n'arrive à rien faire de ses mains;
Ses nuits sont longues, ses jours mornes,
Son cœur soupire - elle ne désire qu'une chose:
(- Allez, que ça saute, ce travail!)
Toi, mort, fais-moi un lit doux.
Cependant le temps est devenu un automne humide,
On moud déjà le blé d'Inde à Adony.
Mais Esther Dalos n'est pas venue:
Elle a déménagé pour le cimetière.
(- Ah, c'est la grosse cloche de Lombár!)
Que personne ne la méprise pour cela!
François Tuba est réapparu chez lui longtemps après,
Il entend, la pauvre Esther Dalos, ce qui lui est arrivé.
Il va souvent au cimetière,
Par mauvais temps, par beau temps:
(- Bon sang, maintenant la chouette qui hulule!)
"C'est là qu'ils ont leur repos, dans la terre gelée."
François, lui, ne peut plus trouver le repos sur son lit,
Les yeux fermés, c'est comme s'il va et vient au clair de lune;
Il entend de la musique au loin, tout en haut,
Et au milieu, la voix d'Esther,
(- Eh, ne dors pas, tu vas en rêver!)
Elle chante: "Viens! Allez!"
Eh bien, François a couru en haut de la meule,
Ensuite en haut du clocher en pointe du village;
Il s'accrocherait, mais il n'arrive pas jusque là,
Sa tête tourne: qu'est-ce qui lui arrive?...
- Allez, c'était les douze coups à Adony,
Ça suffit pour aujourd'hui, de raconter des histoires. »
Le feu baisse; les garçons sont dans leurs gros manteaux -
Les filles se serrent l'une contre l'autre avec leurs capuches;
Haut dans les airs,
Il y a comme un grand drap qui flotte:
Assis dessus ils font de la musique, entend-on,
Ils jouent de la flûte, d'un son lointain qui disparaît
Arany János, 1877
lundi 29 août 2011
A MAGYAR MESSIÁSOK
A MAGYAR MESSIÁSOK
Sósabbak itt a könnyek
S a fájdalmak is mások.
Ezerszer Messiások,
A magyar Messiások.
Ezerszer is meghalnak
S üdve nincs a keresztnek,
Mert semmit se tehettek,
Mert semmit se tehettek.
Ady Endre. 1907
Sósabbak itt a könnyek
S a fájdalmak is mások.
Ezerszer Messiások,
A magyar Messiások.
Ezerszer is meghalnak
S üdve nincs a keresztnek,
Mert semmit se tehettek,
Mert semmit se tehettek.
Ady Endre. 1907
SÖTÉT VIZEK PARTJÁN
Ültem partjain Babylonnak
S ültem már partjain a Gondnak.
Láttam már apró szenvedelmet
S láttam beteg, hosszú szerelmet.
Lelkemet már nagy válság ülte
S voltam kis álmok kis őrültje.
Néhányszor, már-már, szinte hittem,
Néhányszor megjelent az Isten.
Hárfámat már fölakasztottam,
Hárfámat már leakasztottam.
Isten, kétség, bor, nő, betegség
Testem, lelkem összesebezték.
Voltam trubadúr, voltam bajnok,
Rossz hátgerincem százszor hajlott.
Mennyi sok mindent odaadtam,
Amíg ily szépen elfáradtam.
Ülök, csapdos ár és hideg szél
Babyloni sötét vizeknél.
Ady Endre. 1907
Vér és arany
Nekem egyforma, az én fülemnek,
Ha kéj liheg vagy kín hörög,
Vér csurran vagy arany csörög.
Én tudom, állom, hogy ez: a Minden
S hogy minden egyéb hasztalan:
Vér és arany, vér és arany.
Meghal minden és elmúlik minden,
A dics, a dal, a rang, a bér.
De él az arany és a vér.
Nemzetek halnak s újra kikelnek
S szent a bátor, ki, mint magam,
Vallja mindig: vér és arany.
Ady Endre. 1907
Örök és maradandó szerelem.
Idővel paloták,
házak, erős várak,
városok elromolnak,
Nagy erő, vasztagság,
sok kincs, nagy gazdagság
idővel mind elmúlnak,
Tavaszi szép rózsák,
liliom, violák
idővel mind elhullnak,
Királyi méltóság,
tisztesség, nagy jószág
idővel mind elvesznek,
Nagy kövek hamuvá
s hamu kősziklává
nagy idővel lehetnek,
Jó hírnév, dicsőség,
angyali nagy szépség
idővel porrá lesznek,
Még a föld is elagg,
hegyek fogyatkoznak,
idővel tenger apad,
Az ég is beborul,
fényes nap sötétül,
mindennek vége szakad,
Márványkőben metszett
írás kopik, veszhet,
egy helyében más támad,
Meglágyul keménység,
megszűnik irigység,
jóra fordul gyűlölség,
Istentől mindenben
adatott időben
változás, bizonyos vég,
Csak én szerelmemnek,
mint pokol tüzének
nincs vége, mert égten ég.
Véghetetlen voltát,
semmi változását
szerelmemnek hogy látnám,
Kiben Júliától,
mint Lázár ujjától,
könnyebbségemet várnám,
Ezeket úgy írám,
és a többi után
Júliának ajánlám.
Balassi Bálint. 1589
Tengeri-hántás
Ropog a tűz, messze süt a vidékre,
Pirosan száll füstje fel a nagy égre;
Körülállja egynéhány fa,
Tovanyúlik rémes árnya;
S körülüli a tanyáknak
Szép legénye, szép leánya.
"Szaporán, hé! nagy a rakás: mozogni!
Nem is illik összebúva susogni.
Ki először piros csőt lel,
Lakodalma lesz az ősszel.
- Tegyetek rá! hadd lobogjon:
Te gyerek, gondolj a tűzzel.
- Dalos Eszti szép leány volt, de árva.
Fiatal még a mezei munkára;
Sanyarú volt beleszokni:
Napon égni, pirosodni,
- Hűvös éj lesz, fogas a szél! -
Derekának hajladozni.
Deli karcsú derekában a salló,
Puha lábán nem teve kárt a talló;
Mint a búza, piros, teljes
Kerek arca, maga mellyes,
- Teli a hold, most búvik fel -
Az egész lyány ugyan helyes.
Tuba Ferkó juhot őriz a tájon:
Juha mételyt legel a rossz lapályon,
Maga oly bús... mi nem éri?
Furulyája mindég sí-rí,
- Aha! rókát hajt a Bodré -
Dalos Esztert úgy kíséri.
Dalos Eszti - a mezőre kiment o,
Aratókkal puha füvön pihent o;
De ha álom ért reájok,
Odahagyta kis tanyájok'
- Töri a vadkan az ,irtást' -
Ne tegyétek, ti leányok!
Szederinda gyolcs ruháját szakasztja,
Tövis, talló piros vérit fakasztja;
Hova jár, mint kósza lélek,
Ha alusznak más cselédek?
- Soha, mennyi csillag hull ma! -
Ti leányok, ne tegyétek.
Tuba Ferkó a legelőt megunta,
Tovahajtott, furulyáját se fútta;
Dalos Eszter nem kíséri,
Maga halvány, dala sí-rí:
- Nagy a harmat, esik egyre -
Csak az isten tudja, mér' rí.
Szomorún jár, tébolyog a mezőben,
Nem is áll jól semmi dolog kezében;
Éje hosszú, napja bágyadt,
Szíve sóhajt - csak egy vágyat:
- De suhogjon az a munka! -
Te, halál, vess puha ágyat.
Ködös őszre vált az idő azonban,
Törik is már a tengerit Adonyban;
Dalos Eszter csak nem jött ki:
Temetőbe költözött ki;
- Az a Lombár nagy harangja! -
Ne gyalázza érte senki.
Tuba Ferkó hazakerült sokára,
Dalos Esztit hallja szegényt, hogy' jára.
Ki-kimén a temetőbe
Rossz időbe, jó időbe:
- Kuvikol már, az ebanyja! -
»Itt nyugosznak, fagyos földbe.«
Maga Ferkó sem nyughatik az ágyon,
Behunyt szemmel jár-kel a holdvilágon;
Muzsikát hall nagy-fenn messze,
Dalos Eszti hangja közte,
- Ne aludj, hé! vele álmodsz -
Azt danolja: »Gyere! jöszte!«
Nosza, Ferkó felszalad a boglyára,
Azután a falu hegyes tornyára;
Kapaszkodnék, de nem éri,
Feje szédül: mi nem éri?...
- Tizenkettőt ver Adonyban:
Elég is volt ma regélni. -"
Lohad a tűz; a legények subába -
Összebújnak a leányok csuhába;
Magasan a levegőben
Repül egy nagy lepedő fenn:
Azon ülve muzsikálnak,
Furulyálnak, eltűnőben.
Arany János, 1877
Ma fiancée.
Ma fiancée
Que m'importe qu'elle soit le rebut des coins de rues,
Pourvu qu'elle me soit jusqu'en ma tombe assidue !
Qu'elle se plante devant moi dans l'été brûlant, bouillant :
« Toi, je t'aime, c'est toi celui que j'attends. »
Oui, reniée, chassée à coups de pieds, débauchée !
Seulement, ô dans son cœur de temps en temps regarder !
Si de brutes bourrasques nous surprennent blasphémants,
Qu'ensemble nos pieds aillent croulant, s'écrasant.
Si à telle ou telle heure nos âmes sont des comblées,
Ne trouvons que sur nos lèvres nos saluts et voluptés.
Si je me vautre dans la poussière de la rue, là en bas,
Qu'elle se penche sur moi, me protège de ses bras.
De part en part si me purifie un saint brasier,
Survolons l'univers à coups d'ailes mêlés.
Qu'à jamais elle me baise, amante jamais changée,
Dans les larmes, l'ordure, la souffrance, la saleté.
Que tout règne où mes songes se sont anéantis
Me soit rendu par Elle : que soit Elle la Vie.
Je vois en visage d'ange son visage fardé :
Mon âme y gît, avec mes jours de vivant, de décédé.
Fracassant jusqu'au dernier décalogues, enchaînements,
Mortellement nous raillerions le monde grouillant.
Ensemble nous raillerions en signe d'ultime adieu ;
Nous péririons ensemble, l'un pour l'autre restant dieu.
Nous péririons avec ce cri :
« Crime et infamie est la vie,
Nous deux nous étions, seuls, propreté, neige blanche. »
Ady Endre. 1906
Que m'importe qu'elle soit le rebut des coins de rues,
Pourvu qu'elle me soit jusqu'en ma tombe assidue !
Qu'elle se plante devant moi dans l'été brûlant, bouillant :
« Toi, je t'aime, c'est toi celui que j'attends. »
Oui, reniée, chassée à coups de pieds, débauchée !
Seulement, ô dans son cœur de temps en temps regarder !
Si de brutes bourrasques nous surprennent blasphémants,
Qu'ensemble nos pieds aillent croulant, s'écrasant.
Si à telle ou telle heure nos âmes sont des comblées,
Ne trouvons que sur nos lèvres nos saluts et voluptés.
Si je me vautre dans la poussière de la rue, là en bas,
Qu'elle se penche sur moi, me protège de ses bras.
De part en part si me purifie un saint brasier,
Survolons l'univers à coups d'ailes mêlés.
Qu'à jamais elle me baise, amante jamais changée,
Dans les larmes, l'ordure, la souffrance, la saleté.
Que tout règne où mes songes se sont anéantis
Me soit rendu par Elle : que soit Elle la Vie.
Je vois en visage d'ange son visage fardé :
Mon âme y gît, avec mes jours de vivant, de décédé.
Fracassant jusqu'au dernier décalogues, enchaînements,
Mortellement nous raillerions le monde grouillant.
Ensemble nous raillerions en signe d'ultime adieu ;
Nous péririons ensemble, l'un pour l'autre restant dieu.
Nous péririons avec ce cri :
« Crime et infamie est la vie,
Nous deux nous étions, seuls, propreté, neige blanche. »
Ady Endre. 1906
Plaie de braise et d’orties.
Plaie de braise et d’orties.
Plaie de braise et d'orties je suis, et brasier,
Je suis torturé par la clarté, par la rosée,
Il faut que je t'aie, je viens te posséder,
Je veux plus de torture : il faut que je t'aie.
Que ta flamme brandilIe, brasille, blanchoie,
Les baisers supplicient, les désirs supplicient,
C'est toi ma torture, ma géhenne à moi,
Mes entrailles vers toi sont un cri, un tel cri.
Le désir m'a haché, le baiser m'a saigné,
Je suis plaie, braise, faim de neuves tortures,
Donne-moi des tortures, à moi l'affamé,
Je suis plaie, baise-moi, brûle-moi, sois brûlure.
Ady Endre. 1905
Plaie de braise et d'orties je suis, et brasier,
Je suis torturé par la clarté, par la rosée,
Il faut que je t'aie, je viens te posséder,
Je veux plus de torture : il faut que je t'aie.
Que ta flamme brandilIe, brasille, blanchoie,
Les baisers supplicient, les désirs supplicient,
C'est toi ma torture, ma géhenne à moi,
Mes entrailles vers toi sont un cri, un tel cri.
Le désir m'a haché, le baiser m'a saigné,
Je suis plaie, braise, faim de neuves tortures,
Donne-moi des tortures, à moi l'affamé,
Je suis plaie, baise-moi, brûle-moi, sois brûlure.
Ady Endre. 1905
Les incendies peu à peu s’éteignent..
Les incendies peu à peu s’éteignent.
Les incendies peu à peu s’éteignent :
Ces yeux gris et vieux
ne voient plus l’autre.
Léda, ne me chasse pas :
Ces yeux de chien fidèle si usés
tu ne peux y échapper.
L’incendie du désir
pourrait encore te réchauffer le sang :
En vain, tout en fait en vain.
Viennent les peurs :
Ces yeux fidèles et usés
Ne te laisseront pas en paix. Ils voient.
Ady Endre. 1905
Les incendies peu à peu s’éteignent :
Ces yeux gris et vieux
ne voient plus l’autre.
Léda, ne me chasse pas :
Ces yeux de chien fidèle si usés
tu ne peux y échapper.
L’incendie du désir
pourrait encore te réchauffer le sang :
En vain, tout en fait en vain.
Viennent les peurs :
Ces yeux fidèles et usés
Ne te laisseront pas en paix. Ils voient.
Ady Endre. 1905
Le tout dernier sourire..
Le tout dernier sourire.
Ah, j’ai vécu minablement,
Ah, j’ai vécu minablement :
Ah quel beau cadavre je ferais,
Ah quel beau cadavre je ferais.
Mon visage de satyre devient encore plus beau,
Mon visage de satyre devient encore plus beau :
Sourires sur mes lèvres,
Sourires sur mes lèvres.
Dans mes grands yeux fixes,
Dans mes grands yeux fixes :
Nul ne se reflète plus,
Nul ne se reflète plus.
Mes souriantes lèvres froides,
Mes souriantes lèvres froides.
Te remercie pour ton baiser,
te remercie pour ton baiser.
Ady Endre. 1905
Ah, j’ai vécu minablement,
Ah, j’ai vécu minablement :
Ah quel beau cadavre je ferais,
Ah quel beau cadavre je ferais.
Mon visage de satyre devient encore plus beau,
Mon visage de satyre devient encore plus beau :
Sourires sur mes lèvres,
Sourires sur mes lèvres.
Dans mes grands yeux fixes,
Dans mes grands yeux fixes :
Nul ne se reflète plus,
Nul ne se reflète plus.
Mes souriantes lèvres froides,
Mes souriantes lèvres froides.
Te remercie pour ton baiser,
te remercie pour ton baiser.
Ady Endre. 1905
dimanche 28 août 2011
AZ ÉN MENYASSZONYOM
Mit bánom én, ha utcasarkok rongya,
De elkísérjen egész a síromba.
Álljon elémbe izzó, forró nyárban:
»Téged szeretlek, Te vagy, akit vártam.«
Legyen kirugdalt, kitagadott, céda,
Csak a szívébe láthassak be néha.
Ha vad viharban átkozódva állunk:
Együtt roskadjon, törjön össze lábunk.
Ha egy-egy órán megtelik a lelkünk:
Üdvöt, gyönyört csak egymás ajkán leljünk.
Ha ott fetrengek lenn, az utcaporba:
Boruljon rám és óvjon átkarolva.
Tisztító, szent tűz hogyha általéget:
Szárnyaljuk együtt bé a mindenséget.
Mindig csókoljon, egyformán szeressen:
Könnyben, piszokban, szenvedésben, szennyben.
Amiben minden álmom semmivé lett,
Hozza vissza Ő: legyen Ő az Élet.
Kifestett arcát angyalarcnak látom:
A lelkem lenne: életem, halálom.
Szétzúzva minden kőtáblát és láncot,
Holtig kacagnók a nyüzsgő világot.
Együtt kacagnánk végső búcsút intve,
Meghalnánk együtt, egymást istenítve.
Meghalnánk, mondván:
»Bűn és szenny az élet,
Ketten voltunk csak tiszták, hófehérek.«
Ady Endre. 1906
TÜZES SEB VAGYOK
Tüzes, sajgó seb vagyok, égek,
Kínoz a fény és kínoz a harmat,
Téged akarlak, eljöttem érted,
Több kínra vágyom: téged akarlak.
Lángod lobogjon izzva, fehéren,
Fájnak a csókok, fájnak a vágyak,
Te vagy a kínom, gyehennám nékem,
Nagyon kívánlak, nagyon kívánlak.
Vágy szaggatott föl, csók vérezett meg,
Seb vagyok, tüzes, új kínra éhes,
Adj kínt nekem, a megéhezettnek:
Seb vagyok, csókolj, égess ki, égess.
Ady Endre. 1905
HUNYHAT A MÁGLYA
Hunyhat a máglya
Ezek a szomorú, vén szemek
Nem néznek soha másra.
Léda, elűzhetsz:
E vén, hű kutya-szemektől
Sohasem menekülhetsz.
Szerelmi máglya
Fölgyújtja tán újra a véred:
Hiába, mindhiába.
Jönnek a rémek:
Ezek a szomorú, vén szemek
El nem engednek. Néznek.
Ady Endre. 1905
AZ UTOLSÓ MOSOLY
AZ UTOLSÓ MOSOLY
Óh, nagyon csúnyán éltem,
Óh, nagyon csúnyán éltem:
Milyen szép halott leszek,
Milyen szép halott leszek.
Megszépül szatír-arcom,
Megszépül szatír-arcom:
Mosoly lesz az ajkamon,
Mosoly lesz az ajkamon.
Üveges, nagy szememben,
Üveges, nagy szememben
Valaki benne ragyog,
Valaki benne ragyog.
Mosolyos, hideg ajkam,
Mosolyos, hideg ajkam:
Köszöni a csókodat,
Köszöni a csókodat.
Ady Endre. 1905
Óh, nagyon csúnyán éltem,
Óh, nagyon csúnyán éltem:
Milyen szép halott leszek,
Milyen szép halott leszek.
Megszépül szatír-arcom,
Megszépül szatír-arcom:
Mosoly lesz az ajkamon,
Mosoly lesz az ajkamon.
Üveges, nagy szememben,
Üveges, nagy szememben
Valaki benne ragyog,
Valaki benne ragyog.
Mosolyos, hideg ajkam,
Mosolyos, hideg ajkam:
Köszöni a csókodat,
Köszöni a csókodat.
Ady Endre. 1905
Forgós-ropogós
Sej-haj, folyóba'
Sok a hal valóba',
Dunába', Tiszába'
Se szeri, se száma.
Sej-haj, vadonba'
Kivirít a gomba
Keményre, kerekre,
Ha bolond, ne szedd le.
Sej-haj, fonóba'
Sok a lány valóba',
Ki barna, ki szőke,
Sose fuss előle.
Weöres Sándor, 1955
Sok a hal valóba',
Dunába', Tiszába'
Se szeri, se száma.
Sej-haj, vadonba'
Kivirít a gomba
Keményre, kerekre,
Ha bolond, ne szedd le.
Sej-haj, fonóba'
Sok a lány valóba',
Ki barna, ki szőke,
Sose fuss előle.
Weöres Sándor, 1955
AKIK MINDIG ELKÉSNEK
Mi mindig mindenről elkésünk,
Mi biztosan messziről jövünk.
Fáradt, szomorú a lépésünk.
Mi mindig mindenről elkésünk.
Meghalni se tudunk nyugodtan.
Amikor már megjön a Halál,
Lelkünk vörösen lángra lobban.
Meghalni se tudunk nyugodtan.
Mi mindig mindenről elkésünk,
Késő az álmunk, a sikerünk,
Révünk, nyugalmunk, ölelésünk,
Mi mindig mindenről elkésünk.
Ady Endre.1907
Danse tournante rapide.
Danse tournante rapide
Hop-là, dans la rivière,
il y a beaucoup de poissons vraiment,
dans le Danube, dans la Tisza,
il y en a énormément.
Hop-là, dans la forêt dense,
les champignons poussent
et deviennent durs ou ronds,
s'il sont vénéneux, ne les cueille pas.
Hop-là, à la soirée des fileuses,
il y a beaucoup de jeunes filles vraiment,
certaines brunes, certaines blondes,
ne t'enfuis jamais devant elles.
Weöres Sándor, 1955
Hop-là, dans la rivière,
il y a beaucoup de poissons vraiment,
dans le Danube, dans la Tisza,
il y en a énormément.
Hop-là, dans la forêt dense,
les champignons poussent
et deviennent durs ou ronds,
s'il sont vénéneux, ne les cueille pas.
Hop-là, à la soirée des fileuses,
il y a beaucoup de jeunes filles vraiment,
certaines brunes, certaines blondes,
ne t'enfuis jamais devant elles.
Weöres Sándor, 1955
Ceux qui arrivent toujours en retard.
Ceux qui arrivent toujours en retard
Nous arrivons toujours partout en retard,
Nous venons sûrement de quelque part loin,
De nos pas de chagrin, de lassitude.
Nous arrivons toujours partout en retard.
Même pas à mourir, nous n’arrivons en paix.
Lorsque la Mort vient déjà,
Notre âme s’enflamme rougeoyant.
Même pas à mourir, nous n’arrivons en paix.
Nous arrivons toujours partout en retard,
Pour nous, c’est en retard, le rêve, le succès,
Le rivage, l’étreinte et la paix.
Nous arrivons toujours partout en retard.
Ady Endre.1907
Nous arrivons toujours partout en retard,
Nous venons sûrement de quelque part loin,
De nos pas de chagrin, de lassitude.
Nous arrivons toujours partout en retard.
Même pas à mourir, nous n’arrivons en paix.
Lorsque la Mort vient déjà,
Notre âme s’enflamme rougeoyant.
Même pas à mourir, nous n’arrivons en paix.
Nous arrivons toujours partout en retard,
Pour nous, c’est en retard, le rêve, le succès,
Le rivage, l’étreinte et la paix.
Nous arrivons toujours partout en retard.
Ady Endre.1907
samedi 27 août 2011
Áldásadás a vonaton
A tengerbe most hanyatlik a Nap,
Most fut leggyorsabban a vonatunk,
Most jön a legtöbb, nagy emlékezés:
Megáldalak.
„Áldjon meg az Isten
Minden jóságodért,
Sok hallgatásodért
És gonoszságodért.
Sok rossz, bántó szódért
Áldassál melegen,
Sok hidegségedért
Hevülj a szívemen,
Úgy is vége most már,
Úgy is ezer bajom,
Oktalanság árán
Kész a ravatalom.
Hát én megáldalak,
De amíg áldalak,
Csókolj, de ne nagyon.
Áldva, csöndben, békén,
Emlékkel és csókkal
Akarlak elhagyni,
Meleg után fagyni,
Egyedül maradni,
Egyedül érezni,
Egyedül meghalni,
Áldjon meg az Isten.”
A tengerbe most hanyatlik a Nap,
Most fut leggyorsabban a vonatunk,
Most jön a legtöbb, nagy emlékezés:
Megáldalak.
Ady Endre. 1912
LELKEK A PÁNYVÁN
Kipányvázták a lelkemet,
Mert ficánkolt csikói tűzben,
Mert hiába korbácsoltam,
Hiába űztem, hiába űztem.
Ha láttok a magyar Mezőn
Véres, tajtékos, pányvás ménet:
Vágjátok el a kötelét,
Mert lélek az, bús magyar lélek.
Ady Endre. 1905
Mert ficánkolt csikói tűzben,
Mert hiába korbácsoltam,
Hiába űztem, hiába űztem.
Ha láttok a magyar Mezőn
Véres, tajtékos, pányvás ménet:
Vágjátok el a kötelét,
Mert lélek az, bús magyar lélek.
Ady Endre. 1905
Bénédiction dans le train.
Bénédiction dans le train
C’est maintenant que le Soleil se penche sur la mer,
maintenant que notre train prend de la vitesse,
maintenant que le plus de souvenirs va advenir :
je te bénis.
« Dieu te bénisse
pour ta bonté,
ta longue écoute
et ta méchanceté.
Pour tes nombreux mots blessants,
que tu sois bénie chaudement,
pour ta grande froideur,
réchauffe-toi sur mon cœur,
car désormais c’est fini,
car j’ai déjà mille soucis,
au prix de l’ignorance,
mon cercueil est dressé.
Alors, je te bénis
et pendant que je te bénis,
fais-moi des baisers, très fort.
En silence, en paix, bénissant
avec des souvenirs et des baisers
que je veux te quitter.
Après la chaleur me geler,
seul à y rester,
seul à sentir,
seul à mourir.
Dieu te bénisse. »
C’est maintenant que le Soleil se penche sur la mer,
maintenant que notre train prend de la vitesse,
maintenant que le plus de souvenirs va advenir :
je te bénis.
Ady Endre. 1912
C’est maintenant que le Soleil se penche sur la mer,
maintenant que notre train prend de la vitesse,
maintenant que le plus de souvenirs va advenir :
je te bénis.
« Dieu te bénisse
pour ta bonté,
ta longue écoute
et ta méchanceté.
Pour tes nombreux mots blessants,
que tu sois bénie chaudement,
pour ta grande froideur,
réchauffe-toi sur mon cœur,
car désormais c’est fini,
car j’ai déjà mille soucis,
au prix de l’ignorance,
mon cercueil est dressé.
Alors, je te bénis
et pendant que je te bénis,
fais-moi des baisers, très fort.
En silence, en paix, bénissant
avec des souvenirs et des baisers
que je veux te quitter.
Après la chaleur me geler,
seul à y rester,
seul à sentir,
seul à mourir.
Dieu te bénisse. »
C’est maintenant que le Soleil se penche sur la mer,
maintenant que notre train prend de la vitesse,
maintenant que le plus de souvenirs va advenir :
je te bénis.
Ady Endre. 1912
Ils ont attaché mon âme au piquet,
Ils ont attaché mon âme au piquet,
Car en elle le feu d'un poulain caracolait,
Car en vain je la cravachais,
En vain je la chassais, la pourchassais.
Si sur le Champ hongrois vous voyez attachée
Une pouliche sanglante, écumeuse,
À l'instant tranchez-lui sa longe,
Car c'est une âme, une âme hongroise, sauvage.
Ady Endre. 1905
Car en elle le feu d'un poulain caracolait,
Car en vain je la cravachais,
En vain je la chassais, la pourchassais.
Si sur le Champ hongrois vous voyez attachée
Une pouliche sanglante, écumeuse,
À l'instant tranchez-lui sa longe,
Car c'est une âme, une âme hongroise, sauvage.
Ady Endre. 1905
La Hongrie en hiver..
La Hongrie en hiver.
À travers la plaine hongroise,
Quand le train file avec moi en grande vitesse,
La nuit d’hiver, profonde, enneigée,
Dorment, les hameaux hongrois.
La plaine est si blanche et orpheline,
Au dessus, les vents froids
soufflent des chants rêveurs.
De quoi rêve-t-elle, la plaine ?
Rêve-t-elle, si des rêves lui en reste ?
Moi, je vais maintenant pour Noël,
Vieil enfant du village, un ancien,
Mais mon âme est sous la neige, couverte.
Et comme je traverse la plaine, l’hiver en courant,
J’ai le sentiment que nous sommes morts
Et sans rêves, nous rêvons.
Moi et les hameaux hongrois.
Ady Endre. 1908
À travers la plaine hongroise,
Quand le train file avec moi en grande vitesse,
La nuit d’hiver, profonde, enneigée,
Dorment, les hameaux hongrois.
La plaine est si blanche et orpheline,
Au dessus, les vents froids
soufflent des chants rêveurs.
De quoi rêve-t-elle, la plaine ?
Rêve-t-elle, si des rêves lui en reste ?
Moi, je vais maintenant pour Noël,
Vieil enfant du village, un ancien,
Mais mon âme est sous la neige, couverte.
Et comme je traverse la plaine, l’hiver en courant,
J’ai le sentiment que nous sommes morts
Et sans rêves, nous rêvons.
Moi et les hameaux hongrois.
Ady Endre. 1908
En friche hongroise.
En friche hongroise.
Je marche avec peine dans un pays sauvage :
sur la terre ancestrale, luxuriante, herbes folles, adventice.
Je connais ce champs sauvage,
c’est la Friche hongroise.
Je me penche vers l’humus sacré :
cette terre vierge est rongée.
Dites donc, les herbes folles dressant au ciel,
il n’y a ici aucune plante qui fleurisse ?
Autour de moi serpentent des tiges sauvages
tant que je scrute l’âme endormie de la terre,
le parfum des fleurs du passé
m’enivre amoureusement.
C’est calme. L’herbe folle, adventice
me retiennent, m’endorment, me blindent
et un vent rieur passe, léger,
au-dessus de la Friche infinie.
Ady Endre. 1906
Je marche avec peine dans un pays sauvage :
sur la terre ancestrale, luxuriante, herbes folles, adventice.
Je connais ce champs sauvage,
c’est la Friche hongroise.
Je me penche vers l’humus sacré :
cette terre vierge est rongée.
Dites donc, les herbes folles dressant au ciel,
il n’y a ici aucune plante qui fleurisse ?
Autour de moi serpentent des tiges sauvages
tant que je scrute l’âme endormie de la terre,
le parfum des fleurs du passé
m’enivre amoureusement.
C’est calme. L’herbe folle, adventice
me retiennent, m’endorment, me blindent
et un vent rieur passe, léger,
au-dessus de la Friche infinie.
Ady Endre. 1906
Question du soir.
Question du soir.
Le soir, quand tendrement la géante nourrice
Etale sur la terre un manteau noir et lisse
Fait d'un si fin velours que l'herbe qu'il recouvre
Ne courbe pas le front; si fin, que, des fleurs, s'ouvre
Sans peine sous son poids, l'éventail irisé
Et que le papillon, s'il vient à se poser
Sur ce voile léger, tout immatériel,
Y conserve l'émail qu'il prit à l'arc-en-ciel,
Alors, où que tu sois, quelque part dans le monde,
Dans une chambre morne où ton œil vagabonde;
Rêvassant au café où flambent dans les glaces
Comme autant de soleils les bobèches du gaz;
Ou veillant, fatigué, sur le flanc des collines,
Avec ton chien, la lune veule qui chemine;
Ou bien, conduit par un cocher ensommeillé,
Cahotant dans l'ornière aride d'un sentier;
Où que tu sois: sur un bateau, le cœur houleux,
Ou bien a l'aise assis dans un train luxueux;
Errant à l'étranger dans les immenses villes,
Désœuvré, admirant aux carrefours les files
Des réverbères, sur deux rangs, à l’infini
Des rues, des boulevards, des places dans la nuit;
Ou bien encore aux bords de la Riva, rêvant
Quand la glace d'opale a des reflets mouvants,
Où que tu sois, songeant aux bonheurs enfouis
Dont le doux souvenir te dévore aujourd'hui,
A l'âge qui n'est plus, comme se meurt la lampe
Enchanteresse, à l'âge vrai qui déja trempe
Dans l'irréel et dont la mémoire, toujours
Ne cesse pas d'être un trésor et d'être lourd
Et devant lui doit se courber la tête, lasse
De se ressouvenir, vers le marbre qui passe,
Où que tu sois, dans la beauté, dans les délices,
Làche, tu songeras devant le précipice:
A quoi bon ces beautés, à quoi bon ce que j'aime?
Solitaire, toujours, tu songeras quand même:
A quoi bon les flots bleus, le marbre bigarré?
Et le soir, à quoi bon son velours éthéré?
Les collines pourquoi? Pourquoi donc les feuillages?
Et la mer où jamais semence n'est jetée?
Le flux et le reflux? A quoi bon le rivage?
Et les nuages, Danaïdes tourmentées?
Roc brûlant de Sisyphe, à quoi bon le soleil?
Pourquoi les souvenirs, les passés, le réveil?
Pourquoi les lampes? dans le ciel, pourquoi les lunes?
L'interminable temps, les heures une à une?
Prends un exemple, prends le brin d'herbe obstiné;
Pourquoi donc pousse-t-il puisqu'il doit se faner?
Pourquoi se fane-t-il puisqu'il doit repousser?
Babits Mihály. 1909
Le soir, quand tendrement la géante nourrice
Etale sur la terre un manteau noir et lisse
Fait d'un si fin velours que l'herbe qu'il recouvre
Ne courbe pas le front; si fin, que, des fleurs, s'ouvre
Sans peine sous son poids, l'éventail irisé
Et que le papillon, s'il vient à se poser
Sur ce voile léger, tout immatériel,
Y conserve l'émail qu'il prit à l'arc-en-ciel,
Alors, où que tu sois, quelque part dans le monde,
Dans une chambre morne où ton œil vagabonde;
Rêvassant au café où flambent dans les glaces
Comme autant de soleils les bobèches du gaz;
Ou veillant, fatigué, sur le flanc des collines,
Avec ton chien, la lune veule qui chemine;
Ou bien, conduit par un cocher ensommeillé,
Cahotant dans l'ornière aride d'un sentier;
Où que tu sois: sur un bateau, le cœur houleux,
Ou bien a l'aise assis dans un train luxueux;
Errant à l'étranger dans les immenses villes,
Désœuvré, admirant aux carrefours les files
Des réverbères, sur deux rangs, à l’infini
Des rues, des boulevards, des places dans la nuit;
Ou bien encore aux bords de la Riva, rêvant
Quand la glace d'opale a des reflets mouvants,
Où que tu sois, songeant aux bonheurs enfouis
Dont le doux souvenir te dévore aujourd'hui,
A l'âge qui n'est plus, comme se meurt la lampe
Enchanteresse, à l'âge vrai qui déja trempe
Dans l'irréel et dont la mémoire, toujours
Ne cesse pas d'être un trésor et d'être lourd
Et devant lui doit se courber la tête, lasse
De se ressouvenir, vers le marbre qui passe,
Où que tu sois, dans la beauté, dans les délices,
Làche, tu songeras devant le précipice:
A quoi bon ces beautés, à quoi bon ce que j'aime?
Solitaire, toujours, tu songeras quand même:
A quoi bon les flots bleus, le marbre bigarré?
Et le soir, à quoi bon son velours éthéré?
Les collines pourquoi? Pourquoi donc les feuillages?
Et la mer où jamais semence n'est jetée?
Le flux et le reflux? A quoi bon le rivage?
Et les nuages, Danaïdes tourmentées?
Roc brûlant de Sisyphe, à quoi bon le soleil?
Pourquoi les souvenirs, les passés, le réveil?
Pourquoi les lampes? dans le ciel, pourquoi les lunes?
L'interminable temps, les heures une à une?
Prends un exemple, prends le brin d'herbe obstiné;
Pourquoi donc pousse-t-il puisqu'il doit se faner?
Pourquoi se fane-t-il puisqu'il doit repousser?
Babits Mihály. 1909
Adressé aux grues
Adressé aux grues
Tous les jours de bon matin,
vous vous envolez par là
en poussant des cris, vous mes grues!
En vous regardant,
d'amertume, des larmes
tombent de mes yeux,
Du fait que ma belle
me vient à l'esprit,
mes souffrances se renouvellent.
Je vois que vous avez
dirigé votre route
vers le pays
Où vit celle qui a
enfermé auprès d'elle
mon cœur gai.
De moi qui l'ai
servie fidèlement,
est-ce que parfois elle se souvient?
Je me cache comme un orphelin,
perdu en pays étranger
comme un pèlerin,
Dans mes vêtements une couleur sombre,
dans mon cœur une souffrance terrible,
voilà ce que je porte et comment je suis en deuil,
Je n'ai pas d'ailes comme toi,
sur lesquelles aller avec toi
chez celle que je désire.
Tu as des ailes, tu voles,
et aussi tu te poses et t'assois
dans son pays là où tu veux,
Tu apaises ta soif
avec son eau pure
coulant d'une jolie source,
Tu vois la région de mon bonheur,
sa demeure à elle:
le Paradis.
Mais ne te dépêche pas, s'il te plaît,
que je lui envoie par toi
un message en peu de mots,
Ou si ce n'est pas possible,
que j'écrive simplement mon nom
sur ta poitrine avec mon sang,
Ce par quoi elle pourra reconnaître
que c'est seulement pour elle
que je supporte tout avec bonne humeur.
Que le bon Dieu
lui donne la santé,
une vie gaie et longue,
Comme les champs ornés de fleurs,
qu'elle soit ornée de ses nombreux bienfaits
et qu'il la comble en tout;
Que même sur ses traces
les roses poussent au printemps
- et qu'elles m'attristent moi!
Dans toutes mes guerres
et mon existence de fugitif,
lorsqu'il m'arrivait de voir des grues
Voler en bon ordre
et se diriger
vers là où vivait la belle Julia,
Poussant haut des soupirs
et criant après elles,
c'est là le message que je leur ai confié.
Balassi Bálint. 1589
Tous les jours de bon matin,
vous vous envolez par là
en poussant des cris, vous mes grues!
En vous regardant,
d'amertume, des larmes
tombent de mes yeux,
Du fait que ma belle
me vient à l'esprit,
mes souffrances se renouvellent.
Je vois que vous avez
dirigé votre route
vers le pays
Où vit celle qui a
enfermé auprès d'elle
mon cœur gai.
De moi qui l'ai
servie fidèlement,
est-ce que parfois elle se souvient?
Je me cache comme un orphelin,
perdu en pays étranger
comme un pèlerin,
Dans mes vêtements une couleur sombre,
dans mon cœur une souffrance terrible,
voilà ce que je porte et comment je suis en deuil,
Je n'ai pas d'ailes comme toi,
sur lesquelles aller avec toi
chez celle que je désire.
Tu as des ailes, tu voles,
et aussi tu te poses et t'assois
dans son pays là où tu veux,
Tu apaises ta soif
avec son eau pure
coulant d'une jolie source,
Tu vois la région de mon bonheur,
sa demeure à elle:
le Paradis.
Mais ne te dépêche pas, s'il te plaît,
que je lui envoie par toi
un message en peu de mots,
Ou si ce n'est pas possible,
que j'écrive simplement mon nom
sur ta poitrine avec mon sang,
Ce par quoi elle pourra reconnaître
que c'est seulement pour elle
que je supporte tout avec bonne humeur.
Que le bon Dieu
lui donne la santé,
une vie gaie et longue,
Comme les champs ornés de fleurs,
qu'elle soit ornée de ses nombreux bienfaits
et qu'il la comble en tout;
Que même sur ses traces
les roses poussent au printemps
- et qu'elles m'attristent moi!
Dans toutes mes guerres
et mon existence de fugitif,
lorsqu'il m'arrivait de voir des grues
Voler en bon ordre
et se diriger
vers là où vivait la belle Julia,
Poussant haut des soupirs
et criant après elles,
c'est là le message que je leur ai confié.
Balassi Bálint. 1589
Une flamme.
Une flamme
J'ai jeté une allumette, et à cet endroit même
elle a commencé à flamber de façon provocante,
elle s'est mise sur la pointe des pieds, petite et svelte
flamme jaune à chapeau pointu,
elle s'est étirée gaiement, naine étrange,
elle bougeait dans tous les sens, vers l'avant, en cercle,
elle se balançait, dansait, mordait la verdure,
manifestement elle voulait un splendide incendie,
une merveille rouge, un air incandescent,
une forêt qui brûle, un ciel enflammé;
mais les arbres en haut se tenaient debout avec orgueil
et toutes les fleurs souriaient,
personne ne s'est réveillé en sursaut devant le danger,
même l'herbe sèche ne s'en est pas rendu compte,
et la flamme naine enfiévrée s'est refroidie,
elle s'est fatiguée et s'est assise à terre,
elle a flamboyé encore une ou deux fois, la pauvre,
et elle est morte sur le tapis de mousse.
Personne d'autre ne l'a vue, seulement moi.
Tóth Árpád, 1921
Novembre.
Novembre
À l'est comme à l'ouest
le ciel est rouge à l'horizon.
Il y a longtemps que les cigognes
ne claquètent plus sur les cheminées.
Une nuée de corneilles et de choucas
recouvre les arbres,
même le vent ne met pas fin
à tout ce croassement.
Pourtant il souffle, comme
novembre sait souffler,
il lutte contre les monts
dénudés et les eaux.
Le vent hurle, siffle,
se plaint tant il est furieux:
corneilles et choucas
croassent plus fort que sa fureur.
Kányádi Sándor, 1982
À l'est comme à l'ouest
le ciel est rouge à l'horizon.
Il y a longtemps que les cigognes
ne claquètent plus sur les cheminées.
Une nuée de corneilles et de choucas
recouvre les arbres,
même le vent ne met pas fin
à tout ce croassement.
Pourtant il souffle, comme
novembre sait souffler,
il lutte contre les monts
dénudés et les eaux.
Le vent hurle, siffle,
se plaint tant il est furieux:
corneilles et choucas
croassent plus fort que sa fureur.
Kányádi Sándor, 1982
Les fleurs rouges de l'automne,
Rouges fleurs d'automne
Mme Lesznai Anna, ma bonne et chère
amie, aimera peut-être ce poème
et le défendra contre ceux qui lui feront du mal.
Les fleurs rouges de l'automne,
Connues de vous, fillettes qui venez
Et qui saluez de désirs timides et rieurs.
Les fleurs rouges de l'automne,
Tout à fait les plus rouges des fleurs rouges
Données à présent par mes journées et mes chansons.
Les fleurs rouges de l'automne
Que je vous envoie contre quelque chose ou pour rien,
Pour que vos petites mains cruelles les déchirent.
Les fleurs rouges de l'automne,
Oh chères fleurs de sang vivantes:
C'est ainsi qu'on enterre les rois fiers.
Ady Endre, 1914
Mme Lesznai Anna, ma bonne et chère
amie, aimera peut-être ce poème
et le défendra contre ceux qui lui feront du mal.
Les fleurs rouges de l'automne,
Connues de vous, fillettes qui venez
Et qui saluez de désirs timides et rieurs.
Les fleurs rouges de l'automne,
Tout à fait les plus rouges des fleurs rouges
Données à présent par mes journées et mes chansons.
Les fleurs rouges de l'automne
Que je vous envoie contre quelque chose ou pour rien,
Pour que vos petites mains cruelles les déchirent.
Les fleurs rouges de l'automne,
Oh chères fleurs de sang vivantes:
C'est ainsi qu'on enterre les rois fiers.
Ady Endre, 1914
vendredi 26 août 2011
A téli Magyarorszag
Magyar síkon nagy iramban át
Ha nyargal a gőzös velem
Havas, nagy téli éjjelen,
Alusznak a tanyák.
Olyan fehér és árva a sík,
Fölötte álom-éneket
Dúdolnak a hideg szelek.
Vajon mit álmodik?
Álmodik-e, álma még maradt?
Én most karácsonyra megyek,
Régi, vén, falusi gyerek.
De lelkem hó alatt.
S ahogy futok síkon, telen át,
Úgy érzem, halottak vagyunk
És álom nélkül álmodunk,
Én s a magyar tanyák.
Ady Endre. 1908
A MAGYAR UGARON
Elvadult tájon gázolok:
Ős, buja földön dudva, muhar.
Ezt a vad mezőt ismerem,
Ez a magyar Ugar.
Lehajlok a szent humusig:
E szűzi földön valami rág.
Hej, égig-nyúló giz-gazok,
Hát nincsen itt virág?
Vad indák gyűrűznek körül,
Míg a föld alvó lelkét lesem,
Régmúlt virágok illata
Bódít szerelmesen.
Csönd van. A dudva, a muhar,
A gaz lehúz, altat, befed
S egy kacagó szél suhan el
A nagy Ugar felett.
Ady Endre. 1906
Esti kérdés
Midőn az est, e lágyan takaró
fekete, sima bársonytakaró,
melyet terít egy óriási dajka,
a féltett földet lassan eltakarja
s oly óvatosan, hogy minden fűszál
lágy leple alatt egyenesen áll
és nem kap a virágok szirma ráncot
s a hímes lepke kényes, dupla szárnyán
nem veszti a szivárványos zománcot
és úgy pihennek e lepelnek árnyán,
e könnyű, sima, bársonyos lepelnek,
hogy nem is érzik e lepelt tehernek:
olyankor bárhol járj a nagyvilágban,
vagy otthon ülhetsz barna, bús szobádban,
vagy kávéházban bámészan vigyázd,
hogy gyújtják sorban a napfényű gázt;
vagy fáradtan, domb oldalán, ebeddel
nézzed a lombon át a lusta holdat;
vagy országúton, melyet por lepett el,
álmos kocsisod bóbiskolva hajthat;
vagy a hajónak ingó padlatán
szédülj, vagy a vonatnak pamlagán;
vagy idegen várost bolygán keresztül
állj meg a sarkokon csodálni restül
a távol utcák hosszú fonalát,
az utcalángok kettős vonalát;
vagy épp a vízi városban, a Riván
hol lángot apróz matt opáltükör,
merengj a messze múltba visszaríván,
melynek emléke édesen gyötör,
elmúlt korodba, mely miként a bűvös
lámpának képe van is már, de nincs is,
melynek emléke sohse lehet hűvös,
melynek emléke teher is, de kincs is:
ott emlékektől terhes fejedet
a márványföldnek elcsüggesztheted:
csupa szépség közt és gyönyörben járván
mégis csak arra fogsz gondolni gyáván:
ez a sok szépség mind mire való?
mégis arra fogsz gondolni árván:
minek a selymes víz, a tarka márvány?
minek az est, e szárnyas takaró?
miért a dombok és miért a lombok
s a tenger, melybe nem vet magvető?
minek az árok, minek az apályok
s a felhők, e bús Danaida-lányok
s a nap, ez égő szizifuszi kő?
miért az emlékek, miért a múltak?
miért a lámpák és miért a holdak?
miért a végét nem lelő idő?
vagy vedd példának a piciny fűszálat:
miért nő a fű, hogyha majd leszárad?
miért szárad le, hogyha újra nő?
Babits Mihály. 1909
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